Suite de ma liste des 100 films à voir pour la décennie 2010/2019.
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41. White God (Kornel Mundruczo, 2014) Hongrie/Allemagne/Suède
De film en film, Kornel Mundruczo tisse une filmographie vraiment passionnante. Il démarre son histoire avec une description des conditions ignobles dont certains humains traitent les chiens (et les animaux en général), une sorte de malaise pèse sur le récit. Autre aspect, on peut voir cette intrigue comme une métaphore de la politique de harcèlement des minorités en Hongrie gouvernée depuis quelques temps par le fascisme. Plusieurs scènes sont difficilement supportables (notamment, celle qui montre l'entraînement de Hagen), la dernière demi-heure bascule dans le registre horrifique lors de l'expédition punitive menée par les chiens. La réalisation nerveuse, offre également des beaux plans et cadrages des rues de Budapest (bien photographié aussi).
42. Comancheria (David Mackenzie, 2016) États-Unis
Voilà un polar à l'ancienne faisant penser au cinéma de Don Siegel. Avec une histoire de braqueurs de banques au Texas poursuivit par des rangers. Mais l'aspect policier n'est pas le seul intérêt du scénario, une part est réservée au drame familial, avec un attachement à chaque personnage et aussi à une vision de la pauvreté de certains habitants du sud profond qui explique en partie la criminalité. La réalisation alterne les scènes dynamiques de braquages et d'actions, et d'autres plus posées dans l'intimité, le tout très proprement mis en lumière. Côté interprétation c'est impeccable, surtout encore une fois Jeff Bridges qui prouve qu'il est un immense acteur dans la peau du ranger "old school".
43. Heimat: Chronique d'un rêve/L'Exode (Edgar Reitz, 2013) Allemagne/France
Véritable chef-d'oeuvre que ce préquel à la série Heimat de 1982, il est conseillé de voir cette série avant ce film pour mieux apprécier mais ce n'est pas obligatoire. Ce Heimat a une dimension différente de la série, la mise en scène et l'imagerie sont plus cinématographique. Du lyrisme, du social avec une description de la vie dans les villages allemands au milieu du XIXe siècle et un fatalisme de chaque instants, les gens sont malades, incultes, tristes, pauvres et abusés par les nobliaux locaux. La réalisation est sensationnelle et très sensitive, les travellings fluides, des plans sublimes de la nature et autres séquences remplies de poésie (avec des petites touches colorées sur des détails). Du grand art.
44. Blancanieves (Pablo Berger, 2013) Belgique/France/Espagne
Un pur moment de magie cinématographique. Cette adaptation à la sauce espagnole du conte de Blanche-Neige est fabuleuse transposant la légende dans la tradition de la tauromachie. La mise en scène rend hommage aux fantaisies archaïques des années 20 (Tod Browning), des plongées et contre-plongées percutantes, des plans expressifs et symbolique forts et un noir et blanc lumineux. L'histoire est magnifique et triste a en pleurer. Et les deux actrices principales sont géniales, tout d'abord le coup de foudre pour celle qui joue Blanche-Neige (la radieuse Macarena Garcia) et la sorcière (Maribel Verdu est incroyable également). En plus la bande son est sensationnelle. Plus qu'un bijou, un chef-d'oeuvre.
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45. Fifi hurle de joie (Mitra Farahani, 2013) États-Unis/France
Un documentaire surprenant et qui est une vraie oeuvre de cinéma. Mitra Farahani filme et s'entretient avec l'artiste (peintre, sculpteur et colleur) Bahman Mohassess, un personnage qui vaut à lui seul le détour. Iranien exilé à Rome depuis 1968, cyniquement drôle, misanthrope en particulier avec le peuple iranien, homosexuel décomplexé et artiste engagé, il parle de son Oeuvre mais également du monde, de l'actualité et philosophe sur énormément de thèmes. Là ou le film détonne, c'est par la mise en scène avec un montage d'images et sonore éclaté, des bribes de sons, des extraits de films, des plans de Rome, des photos du travail de Mohassess (pour la plupart détruits par lui-même). Et un dernier chapitre tragique et puissant, du déjà vu au cinéma ?
46. Royal Affair (Nikolaj Arcel, 2012) Danemark/Suède/Allemagne/Tchèquie
Grand film, passionnant de bout en bout dans un style tout à fait classique ayant reçu un bel accueil critique en 2012. Les intrigues et événements de la Cour du Roi Christian VII du Danemark sont parfaits pour le cinéma car inattendus, avec maintes manipulation, l'influence du Siècle des Lumières. Tout ce qui est direction artistique est une brillante réussite pour la reconstitution de la Cour en 1770, la mise en scène est à l'avenant (des plans et séquences d'une beauté inouïe). Les acteurs excellent tous autant qu'ils sont, Mads Mikkelsen évidemment mais celui qui joue le Roi Mikkel Boe Forsgaard bluffe tout le monde.
47. Tabou (Miguel Gomes, 2012) Portugal/Brésil/Allemagne/France
Ce film est superbement réalisé l'auteur est très inspiré, le montage, la photo et le noir et blanc sont splendides quasi anachronique rappelant le cinéma d'antan, ces documentaires coloniaux du temps du muet en filmant la jungle. Le scénario est divisé en deux parties, la première montre trois femmes âgées vivant dans deux appartements voisins, réflexion sur la vieillesse et la mémoire. La seconde partie est une véritable merveille, le talent de conteur et de narrateur de Gomes explose, son histoire est à la fois irréelle, poétique et même absurde; mélangeant le grand réalisme au merveilleux.
48. The Impossible (Juan Antonio Bayona, 2012) Espagne/États-Unis
Selon moi, The Impossible est le meilleur film catastrophe de tous les temps. Parce que le réalisme est bien plus efficace que d'invraisemblables aventures, le film raconte également une catastrophe quasi sans précédents et que la scène du tsunami est tout bonnement terrifiante. Après la vague, le récit montre les conséquences qui sont aussi susceptibles d'engendrer de l'anxiété pour le spectateur, il y a un large panel de sensations durant cette histoire vraie sans jamais céder au mélo. En plus avec Naomi Watts, Ewan McGregor et les jeunes comédiens, on se moque pas de nous avec le casting.
49. Tyrannosaur (Paddy Considine, 2012) Royaume-Uni
Une claque viscérale, un drame social britannique comme on en voit rarement, et ce même si en moyenne ils sont souvent de qualité. Le monde décrit par le cinéaste est violent et vulgaire, une dureté moderne et misérable. Les trois acteurs principaux sont phénoménaux Peter Mullan est décidément un géant, Eddie Marsan et Olivia Colman possédés, dans un croisements de vies, de solitudes et de haine. De nombreuses scènes peuvent hantés le spectateur par la noirceur et l'humiliation donc par leur misanthropie.
50. The Master (Paul Thomas Anderson, 2013) États-Unis
Il n'y a rien à faire ! P.T. Anderson est un grand. C'est vrai que ce film est peut-être moins spectaculaire que des précédentes réalisations mais ce n'est pas un concours. La mise en scène est fabuleuse, la photographie pareille et la musique de Jonny Greenwood n'en parlons pas. PT ressource son cinéma dans l'extrême élégance d'autrefois avec The Master, on pense à Ray, Sirk ou certains Minnelli, le tout 70mm. Ce film est également d'une grande maîtrise thématique, les portraits de personnages sont puissants et les interprètes font tous des excellentes compositions, en particulier J. Phoenix (que certains accuse d'en faire des tonnes). Bref, du tout grand cinéma.
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