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Le cinéma suédois des Débuts, des années 1910 était à l'avant-garde de cet art émergent qu'était le cinématographe. Grâce à des auteurs, des techniciens et artisans grandement inspirés par la Nature, l'Humanité et la spiritualité ainsi que le pittoresque du folklore scandinave. Les grands noms de cette période encore muette était Victor Sjöström, Mauritz Stiller et tardivement Gustaf Molander, cette frénésie durera jusqu'au départ des deux premiers cités pour les États-Unis tandis que Molander restera fort esseulé dans le paysage du cinéma suédois, tombant peu-à-peu dans le quasi oubli.

 

Ce voile noir sur le cinéma suédois restera en place presque vingt ans. Il faut en effet attendre le milieu des années 40 pour voir une résurgence du film suédois, et un artiste dépasse ses congénères d'une tête déjà à l'époque, un metteur en scène venu du monde du théâtre, il se nommait Ingmar Bergman. Et ce génie créatif va dominer outrageusement le cinéma non seulement de son pays mais aussi mondial, ne laissant que des miettes à ses contemporains et ses suiveurs. En effet, qui en dehors de l'élite des cinéphiles et critiques se souvient de Bo Widerberg, Jan Troell, Mai Zetterling ou encore Vilgot Sjöman ?

 

Pourtant ces cinéastes étaient tous très talentueux et dans des registres ou genres différents. Si Ingmar Bergman était déjà une référence depuis le début des années 50, il était bien seul sur son île à partir du moment ou Gustaf Molander, alors vétéran du cinéma suédois et mentor de Bergman a peu-à-peu quitté la scène. Des auteurs tels que Alf Sjöberg (Tourments et Mademoiselle Julie), Hasse Ekman (La Fille aux jacinthes), Arne Mattsson (Elle n'a dansé qu'un seul été) ou Arne Sucksdorff (La Grande aventure) auront bien du mal à ne pas être éclipsé par le géant Bergman malgré leur cinéma novateur, rural voir traditionnaliste, expressif plein de franchise sexuelle et de remise en question de la religion dominante. Dans ce cinéma suédois des années 50, un type parallèle de film se distinguait s'urbanisant, installant les récit à Stockholm, Malmö ou Göteborg, fortement influencé par le cinéma de genre anglo-saxon (de la comédie au suspense) tendance qui apparaissait déjà avant la Seconde Guerre mondiale mais de façon plus lisse; cela allait du polar habituel le Whodunit en passant par des inspirations hitchcockiennes jusqu'aux comédies légères de moeurs dans l'ensemble cette seconde tendance ne contribuera que très peu à la renommée de l'industrie suédois. Alors que Bergman pendant ce temps-là devient l'un des grands réalisateurs grâce à des films tels que Le Septième Sceau ou Les Fraises sauvages.

 

Il faudra patienter jusqu'au début de la décennie suivante lorsque un peu partout en Europe des "Nouvelles Vagues" émergent, révélant des jeunes esprits, des audaces récentes et une grammaire révolutionnaire. Néanmoins cette nouvelle vague suédoise étrangement reste beaucoup moins réputée que celles venues de France, de Tchécoslovaquie, de Pologne, d'Espagne ou évidemment de Grande-Bretagne. Cette vague n'est aucunement parvenue a réellement marquer les mémoires, celle du Grand Public en particulier. Les longs-métrages de Bo Widerberg et Jan Troell reçoivent les louanges de la Critique internationale jusqu'à obtenir des nominations aux Oscars ! Les festivals les plus prestigieux au monde s'arrachent les brûlots, les tragédies voir les documentaires de l'ancienne actrice reconvertie en réalisatrice Mai Zetterling, du sulfureux Vilgot Sjöman briseur de tabou sexuel mais sans réussir à les promouvoir auprès du public. Ces auteurs bien que sévissant dans des styles divers et même des genres variés avaient cette envie de "copier" les nouvelles méthodes de tournage, les techniques récentes que les nouveaux cinéma européens vont mettre en place, inventer histoire d'être à la page et de changer la pratique de leur art par leurs visions personnelles et engagements. Ingmar Bergman de son côté après avoir fait le tour de son sujet, subit une perte d'inspiration au milieu des années 60 avant de revenir et de prendre un virage avec une autre série de succès, de chefs d'oeuvre existentialistes enclenchée avec Persona puis La Honte, L'Heure du loup occultant une fois de plus la concurrence nationale !

 

Plus tard, au moment ou les années 70 débute Ingmar Bergman ouvre une nouvelle période de sa filmographie celle de l'introspection, de l'analyse du couple et de la famille avec d'autres classiques comme Cris et chuchotements, Fanny et Alexandre ou Scènes de la vie conjugales le cinéma suédois semble peu-à-peu retourner dans les limbes. Les cinéastes qui offraient dix ans plus tôt une alternative à l'hégémonie bergmanienne connaissent moins de succès, moins d'inspirations pour même arriver dans la décennie suivante à la fin d'une époque, plusieurs films de Widerberg et Troell sortent dans un anonymat presque complet, Sjöberg se tue en 1980, Sjöman disparaît certains d'entre eux persistent, résistent mais la qualité moyenne des films, on pense à Roy Andersson avec son Une Histoire d'amour suédoise en 1970 mais qui met sa carrière en parenthèses entre 1975 et 2000 ! mais en général la qualité  est en baisse énormément passent même sur le petit écran (Bergman réalisera aussi des téléfilms). On peut noter durant cette nouvelle traversée des steppes Un Flic sur le toit et Le Chemin du serpent de Widerberg ou L'Assassin candide de Hans Alfredson ainsi que Ma Vie de chien de Hallström en 85 avant que ce dernier entame une carrière américain comme étant à peu près les seuls longs-métrages sortant du lot !

 

Pour conclure, et répondre à la question titre. Le cinéma suédois n'a vraiment jamais eu de grande reconnaissance dans l'ombre de Bergman (du moins internationale), malgré les qualités innombrables des cinéastes contemporains à ce titan qu'était Bergman et de leurs oeuvres. Le plus rageant pour eux est que l'oeilleton ouvert sur le cinéma suédois qu'avait ouvert Ingmar semble s'être aussitôt refermé lorsque celui-ci commençait à se faire plus rare, les auteurs de cette Nouvelle Vague n'ont guère eu d'opportunité de s'affranchir complètement de la médiatisation, de la popularité de Bergman. Ils ont cependant créer un mouvement, chacun à son oeuvre or celles-ci n'auront pas eu l'occasion de pouvoir se révéler aux yeux et maintenant aux mémoires du public. Faudra patienter jusqu'à la seconde moitié des années 90 pour revoir enfin une énième résurgence du cinéma suédois et scandinave en général d'ailleurs. Avec des nouveaux auteurs tels que Ruben Östlund, Lukas Moodysson, le retour de Roy Andersson, Jonas Akerlund ou encore les frères Alfredson.

Voici quelques titres de longs-métrages suédois donnant l'alternative à la pléthorique filmographie d'Ingmar Bergman:

La Femme sans visage (Gustaf Molander, 1947) 7/10

Un Invité va venir (Gustaf Molander, 1947) 6/10

Nuit de brume (Lars-Eric Kjellgren, 1953) 6/10

Les Blousons dorés (Olle Hellbom, 1959) 7/10

Le Pêché suédois (Bo Widerberg, 1963) 7/10

Le Quartier du corbeau (Bo Widerberg, 1963)

Amour 65 (Bo Widerberg, 1965) 8/10

Les Feux de la vie (Jan Troell, 1966) 8/10

Elvira Madigan (Bo Widerberg, 1967)

Les Filles (Mai Zetterling, 1968) 7/10

Am-stram-gram (Jan Troell, 1968) 7/10

Duo pour cannibales (Susan Sontag, 1969) 7/10

Adalen 31 (Bo Widerberg, 1969) 10/10

Une Histoire d'amour suédoise (Roy Andersson, 1970) 9/10

Les Émigrants (Jan Troell, 1971)

Joe Hill (Bo Widerberg, 1971)

Le Nouveau Monde (Jan Troell, 1972)

Un Flic sur le toit (Bo Widerberg, 1976)

L'Assassin candide (Hans Alfredson, 1982) 8/10

Ma Vie de chien (Lasse Hallström, 1985)

Le Chemin du serpent (Bo Widerberg, 1986) 8/10

Tag(s) : #Comment ?, #Ingmar Bergman, #Cinéma suédois, #Suède
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