Jusqu'à il y a peu, je croyais que le terme Wokisme signifiait la pratique de cuisiner uniquement que dans un wok !
Le cinéma depuis presque ses débuts a su s'attacher aux causes sociales par l'intermède et l'entreprise d'auteurs venant des Quatre Coins du Monde. Mais depuis maintenant une quinzaine d'années, de nombreuses polémiques sont venus titiller les ego et surtout les susceptibilités, à tort ou à raison, en matière d'éveil à la Justice sociale.
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Voici mon point de vue bref sur le sujet, plus précisément sur la question du wokisme racial ou devrais-je dire anti-racial. Certaines personnes s'insurgent contre le fait que la Petite Sirène de chez Disney soit de couleur, afro-américaine alors que cette héroïne n'a eu aucune existence en dehors de l'imaginaire des contes, des films ou autres fictions, d'autres peut-être encore plus nombreux sont près à renverser les gouvernements si Idris Elba devient le prochain James Bond. Dans l'autre sens, des petits comiques se sentant agressés par ce "Révisionnisme" fabriquent des affiches de film homemade avec un Martin Luther King incarné par Ryan Gosling ! En réalité, ces personnes devraient simplement reprendre leurs esprits, réfléchir un peu plus loin.
Selon moi, l'élément à questionner s'avère être l'intention de l'auteur et dans une moindre mesure celui du producteur. Je parle ici d'intention artistique, pas commerciale. Quelle est l'intention du scénariste et du réalisateur ? Et pour cela, il faut en revenir à Shakespeare une fois de plus, à son oeuvre plutôt.
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Récemment sont sortis deux longs-métrages de fiction issus de l'oeuvre de Shakespeare, The Tragedy of MacBeth des Frères Coen et The Northman réalisé par Robert Eggers. Le premier est une adaptation assez stricte de l'intrigue de MacBeth, mais dans un esprit clairement théâtral et fantaisiste (si l'on peut dire ça d'un chef d'oeuvre de Shakespeare !), dans un tel cas ave de telles intentions peu importe qu'un roi d'Écosse moyenâgeux n'ayant peut-être même pas réellement existé soit interprété par Denzel Washington ! Puisque clairement, il n'y a aucune motivation à être réaliste dans ce Tragedy of MacBeth, Orson Welles avait déjà compris cela en 1936 en une époque ou la Ségrégation raciale était encore de mise dans de nombreux états en montant un MacBeth dans un théâtre d'Harlem, transposant le classique de la vieille Écosse à Haïti avec un casting entièrement composé de comédiens afro-américains. Le deuxième exemple, The Northman est en fait une version d'Hamlet (Amleth) pris sous un angle plus historique, avec une reconstitution se voulant réaliste de l'époque des empires scandinaves et vikings. Le film se détache du texte de Shakespeare tout en racontant la même intrigue. L'intention de Eggers et son co-scénariste empêchent alors une "dérive" qui verrait Amleth être joué par Will Smith ou même Javier Bardem, puisque l'action est ancrée dans le réel de la Scandinavie du IXème siècle alors que pourtant en cours de route dans ce métrage des événements quasi surnaturel interviennent mais Eggers veut donner à son film un aspect d'authenticité.
Il faut donc que le spectateur analyse, observe ou devine les intentions de l'auteur pour savoir si celui-ci était en droit, ou avait raison de distribuer un rôle de blanc à un noir ou vice-versa ! Tout en sachant que bien souvent les casting ne sont plus forcément l'apanage des auteurs mais de la production. Et la plupart du temps, le soucis vient de là, de la production voulant attirer par ce principe d'inclusion forcenée un public venant d'une autre communauté ! Comme si le fait d'être d'une autre couleur de peau empêcherait une quelconque empathie, sympathie ou attachement à un personnage n'étant pas issu de sa propre communauté ou race. J'avais pourtant moi autant compatis aux déboires familiaux de ces coréens débarquant aux USA dans Minari (Lee Isaac Chung, 2021) qu'aux agressions policières infligées aux habitants noirs de Détroit (Kathryn Bigelow, 2017) que je l'ai été du couple de toxicomanes blancs dans Panique à Needle Park (Jerry Schatzberg, 1971)! C'est sans doute une question tout à fait endémique aux États-Unis qui est une nation encore fort susceptible aux sujets raciaux et débats communautaires. Personnellement je suis tout aussi touché par un drame arrivant à un personnage de couleur autre que la mienne qu'à un drame frappant un caucasien, mais je suis peut-être plus progressiste que l'américain moyen ?
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Il est vrai que depuis plus d'une centaine d'années maintenant que le cinéma existe, les artistes issus des "minorités" ont été absents ou presque au cinéma, hormis quelques rares auteurs leurs donnants de la visibilité ou bien des mouvements comme la Blaxploitation du coup beaucoup voient cette intégration cinématographique comme une sorte de revanche pour ce manque d'accessibilité passé; d'ailleurs la question va plus loin que le simple fait de voir des acteurs et actrices issues des minorités accéder à des rôles importants, globalement les sujets et thématiques sociales sont plus importants à défendre au cinéma que la représentation dans les castings et le cinéma s'y attache petit-à-petit et l'a toujours fait de parler de la société et de ses problèmes faut juste aller voir autre chose que le nouveau Marvel ou Fast & Furious ! Mais il faut savoir garder du bon sens, je serais choqué de voir une personnalité historique n'ayant pourtant pas la même carnation que moi comme Angela Davis interprété par Emma Stone par exemple, ce serait inconvenant surtout si le but de ce film était historique (et on pourrait de toute façon difficilement produire un film sur cette grande dame sous un autre angle que celui-là !).
Dans les années 90 au moment de la sortie du Roméo + Juliette (pour en revenir à Shakespeare) de Baz Luhrmann avait-on vu des voix s'élever contre la présence au casting d'Harold Perrineau, John Leguizamo ou Vondie Curtis-Hall ? Il est vrai ceux-ci n'avaient reçu que des rôles secondaires, les têtes d'affiches étant tenu par des interprètes bien blancs puis il y avait surtout le non effet réseaux sociaux à l'époque en 1996/1997 ou Internet n'en était qu'à ses balbutiements, les haineux de tout bords ne pouvant pas se déchaîner autre part que dans leurs bistrots fétiches, pas de tribunes publiques que sont les Twitter ou Facebook en ce temps-là ! Car finalement toutes ces polémiques se déclenchent et se terminent la plupart du temps entre "cinéphiles" et/ou haters d'Internet, les gamins allant voir un Spiderman noir ou bien une Petite Sirène basanée s'en foutent pas mal de la couleur de leurs héros, c'est l'aventure, l'émerveillement qui comptent pour eux.
Je ne prétends pas avoir la réponse ultime à ce débat très actuel mais d'après moi, la chose qu'il faut mettre en avant comme toujours dans l'Art est l'intention de l'artiste créant une oeuvre, c'est comme pour les cadeaux ringards de Noël, c'est l'intention qui compte.